Voyage à vélo en France


Voyage à vélo en France


LE PARCOURS !

Le départ est prévu pour le 04 avril 2024, il se fera de Montaigu-Vendée. Concernant l’arrivée, il est encore trop tôt pour l’évoquer :’), ce qui est certain, c’est qu’elle ne se fera pas avant le mois d’octobre, soit 6 mois après le départ.

Les quelques 11 000 km et 135 000 mètres de D+ serpenteront aux rythmes de la météo, des régions et des rencontres avec tout de même un souhait de rouler, en moyenne, 75 km par jour de voyage.

Traversant une bonne partie de la France, le voyage permettra de découvrir pas moins de 80 départements français, 32 parcs naturels régionaux et 5 parcs nationaux.

Ce voyage sera l’occasion de découvrir de nombreux territoires qui me sont inconnus comme les Pyrénées ou encore les Alpes du Nord.

Enfin, je n’ai pas pu m’empêcher de choisir de passer par les régions qui me sont davantage familières, comme les Alpes du Sud où j’ai eu la chance d’étudier ou encore les Pays de la Loire, où j’ai grandi.



L’ÉQUIPE !

Je serai accompagné de ma fidèle monture, un Gravel TRIBAN 120 de chez Décathlon (un peu modifié) qui aura la lourde responsabilité de me « supporter » tout au long du voyage.

Dans mes sacoches prendront place tous les composants de ma maison ambulante, à savoir mes affaires de couchage (tente, matelas, duvet, etc ..), vêtements et affaires de rechange (imperméable-coupe-vent, gants, bonnet, cuissard, hauts et bas techniques, …).

Concernant ma cuisine (deuxième à gauche après le salon …), elle est équipée d’un réchaud et d’une popote qui me redonneront de la force et du courage pour continuer à tracer la route ! Je n’oublierai pas de me faire plaisir de temps en temps (Morbier, j’arrive !).

Enfin, j’aurai de quoi réparer, rafistoler ou encore bidouiller :’) si des galères décident d’entacher ces belles journées d’itinérance.


DES NOUVELLES !

Retrouvez ici toutes les nouvelles du voyage à vélo, semaine après semaine. Ces publications seront également faites sur les réseaux sociaux tels qu’Instagram et Facebook.

Ça y est, le voyage a commencé ! Depuis la Vendée en direction de la Creuse, ces 5 premières journées marquent le début de cette grande aventure !

Le drapeau vendéen, toujours avec moi !

Dès le jeudi 04 avril, le dénivelé s’est fait ressentir avec une grande partie à longer la Sèvre Nantaise. Les beaux villages vendéens, Mortagne-sur-Sèvre, Saint-Laurent-sur-Sèvre ou encore Réaumur se sont succédé.

Le voyage débute avec de très belles rencontres à l’image de Baptiste, gérant de « Place des Délices » à Saint-Laurent-sur-Sèvre ou de Michel qui m’a interpelé dans les rues de Réaumur en se demandant si c’était bien moi qu’il avait vu dans le journal du matin 😉 (Ouest-France)

Pouzauges, Vouvant ou encore Mervent, tous ces paysages du haut bocage vendéen invitent à continuer le voyage dans le département voisin, les Deux Sèvres. Traversant Secondigny ou encore Parthenay, le relief se dessine, des côtes que mes jambes auraient préféré ne pas connaître ! 😅

Le département est assez vite traversé d’Ouest en Est, pour arriver progressivement dans la Vienne et passer à quelques kilomètres du Futuroscope près de Poitiers. Ma route est rythmée cette fois-ci par les champs de colza à perte de vue. De village en village , de hameau en hameau, les couleurs sont vives et parfois même très diversifiées 😉

La ville de Chauvigny sera la porte de sortie du département après avoir longé les grands axes sans intérêt, sauf pour aller plus vite, ce qui était mon choix. 😁 🚵‍♂️

Je prends ensuite un itinéraire cyclable d’une ancienne voie de chemin de fer, celle de l’Etoile Ferroviaire du Blanc longeant la rivière La Creuse. Il est encore possible de découvrir d’anciennes cabanes de cheminots sur le tracé. Ces abris permettaient à ces derniers de faire une pause ou de veiller la nuit sur l’état des rails.

Me voici officiellement dans le département de l’Indre et plus particulièrement au sein du Parc Naturel Régional de la Brenne que je vais traverser du Blanc à Rivarennes en continuant sur l’ancienne voie de chemin de fer.

Enfin, après avoir traversé une partie de la Vendée, des Deux-Sèvres, de la Vienne et enfin de l’Indre, me voici à la porte de la Creuse et des reliefs du Massif Central ! La visite de Saint-Benoît-du-Sault sera la dernière escapade en Indre, la Creuse me voici ! 👌

Crozant, Fresselines, La Celle-Dunoise ou encore Bourg d’Hem, tous construits le long de la Creuse (la petite comme la grande), ont inspirés plus d’un peintre, notamment du courant impressionniste à l’image de Claude Monet, Armand Guillaumin ou encore Francis Picabi. George Sand parlera, elle aussi, dans ses romans, de cette vallée envoûtante et sauvage.

Le voyage continue, à très vite ! 🚵‍♂️

Bédame l’aventure à vélo, c’est reparti ! Voici un récapitulatif des deux dernières semaines. Normalement, c’est toutes les semaines, mais j’ai encore du mal à m’organiser dans le partage du voyage. Ça viendra ! (Et ça vous en fait plus, vous n’allez pas vous plaindre 😉

En ce 11 avril, je repars du Bourg d’Hem au petit matin, les doigts congelés du froid et de l’humidité de la rosée. Avant de prendre la direction de Bord-Saint-Georges où Stéphanie et Damien m’attendent pour mon premier « Warmshower », je rencontre Philippe le long de la Creuse avec qui je discute longuement de la vie, de la jeunesse et même du COVID. Une discussion qui peut paraître banale mais qui devient un souvenir impérissable dans un voyage à vélo.

À Bord-Saint-Georges, je passe une soirée exquise, une douche chaude, un toit, un repas diversifié et chaud, et surtout une superbe rencontre. Cela fait 5 jours que je dors en tente, partager un moment convivial me fait le plus grand bien. La route continue en direction du Parc Naturel Régional de Millevaches en Limousin. Pourtant, à Chambon-sur-Voueize, je fais une nouvelle rencontre, artistique et colorée.

Agnès, drômoise d’origine, a vécu plus de 15 années en Vendée. Depuis, elle s’est installée dans ce joli village creusois où une vie associative et festive semblent y demeurer. Elle retape une maison du centre historique pour en faire un lieu de rencontres et d’échanges mais surtout son futur atelier. Elle est artiste peintre.

Le soir même, après avoir passé Aubusson, capitale internationale de la tapisserie, mon ami auvergnat de Clermont-Ferrand, Louis, me rejoint à Felletin, à la porte du plateau de Millevaches. On bivouaque sur les espaces verts de la commune, un peu « root » mais c’est l’aventure. Un cassoulet gourmand est au menu, et il est le bienvenu ! Je suis très heureux que Louis vienne me voir, ça me donne de la force pour les prochains jours.

De la force, mais aussi de la motivation, il en faut pour traverser ce plateau (qui est loin d’être plat). Le contraste est saisissant entre les pâturages et champs céréaliers du reste de la Creuse aux forêts de résineux, souvent plantées. Ce 13 avril marque 3 jours de chaleurs surprenantes à cette saison et à cette altitude (entre 700m et 900m).

Tout juste arrivé en Corrèze, je suis accueilli le soir chez Julie et ses parents à Peyrelevade. Une superbe rencontre et une superbe opportunité de contempler le ciel étoilé du Parc de Millevaches, une des réserves étoilées de France. Je dors dans une « Tiny house », prévue pour le berger cet été, entouré des vaches et des brebis (et des chiens de protection) de la ferme.

Mon arrivée chez Aurélie à Ussel est un moment très fort pour moi. Celui de la satisfaction d’avoir entrepris ce projet sur le bon chemin. Atteinte de la sclérose en plaques depuis ses 20 ans, Aurélie a trouvé dans le sport, notamment le trail et le vélo, une thérapie qu’elle souhaite partager au plus grand nombre. Elle participe donc aux portraits « Chroniques » , un des formats du projet Bédame.

Heureux de l’avoir enfin rencontrée, je bénéficie de la générosité et de la gentillesse sans faille d’Aurélie qui est en plus une combattante au quotidien. Quelle rencontre ! Elle m’aide les jours suivants à trouver des lieux pour dormir au chaud, étant donné les températures qui ont chuté. C’est également l’occasion de réaliser une étape ensemble, d’Ussel à Chamberet, soit 70 kilomètres et 890 mètres de dénivelé positif.

La Corrèze est une découverte pour moi (ce qui sera le cas pour de nombreux départements d’ailleurs). J’ai le sentiment que ses habitants sont attachés à leur terre et finissent toujours par y revenir, comme Hélène qui tient un bar restaurant avec son compagnon Pierre sur la commune de Lubersac. Une nouvelle rencontre à inscrire dans mes mémoires, marquée par la fraîcheur et la gentillesse de ce couple !

Les jolis villages se succèdent, Ségur-le-Château ou encore Jumilhac-le-Grand. C’est d’ailleurs ce dernier qui me plonge en terre périgourdine, la Dordogne. J’ai l’impression de prendre 1 mois de voyage en quelques secondes en découvrant la végétation verte et luxuriante de ce beau département. De nombreux chênes nous rappellent que c’est un territoire où l’on cultive cet « or noir », la truffe.

Ce temps printanier fait du bien et m’aide à avancer en direction de Nontron, capitale du Périgord blanc. Quelques kilomètres plus loin, je rencontre Grégoire qui a accepté de m’accueillir pour une nuit. Il en profite pour me faire découvrir et visiter l’entreprise qu’il mène avec sa conjointe Marguerite, la toute dernière fabrication de peigne en corne située en France.

Je modifie, un peu, mon tracé pour me rendre à Aubeterre-sur-Dronne en Charente où Mr le Maire Charles Audoin m’attend pour me mettre à disposition un logement communal afin de passer une nuit au chaud. Quelle aventure ça aussi ! Après m’avoir fait visiter l’Eglise Saint Jean dite monolithe (la plus grande d’Europe), qui fait la fierté du village, je vagabonde lentement dans ses rues. Le village est à la fois classé « Plus beau village de France » mais aussi « Petite Cité de Caractère », on peut difficilement faire mieux.

Périgueux, préfecture de la Dordogne en Périgord blanc, je prends la direction de Sarlat-la-Canéda et je m’arrête à Fleurac, petit village perché sur un plateau entre deux vallées. Martine et Pierre, drôles, souriants et spontanés sont mes hôtes du soir. Ce fut un vrai plaisir de les rencontrer et de partager ces moments avec eux. J’aurais aimé rester une journée entière : nous nous sommes si bien entendus 😉

Après avoir rencontré Franck qui prépare le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, je longe les falaises creusées par les rivières, autrefois, à l’image de la Vézère. Que c’est beau ! C’est vrai que ça donne envie d’y dessiner quelques petites choses, à l’époque c’était à la mode apparemment 😉

Sarlat-la-Canéda en Périgord noir, quel endroit, quelle ville ! Je n’ai pas pu m’empêcher de partager davantage de photos. Je n’étais pas sûr de trouver le temps pour découvrir cette fameuse ville. Grâce à Clément, j’ai pu prendre ce temps.

Clément, alias  » Le Petit Loup à Roues », a également entrepris un voyage à vélo en France ! Nos tracés sont sensiblement les mêmes et on pourrait bien se recroiser ! En tout cas, ce fut un plaisir (je crois partagé), de le rencontrer ainsi que sa maman Annabel qui m’a hébergé une nuit. Merci à eux deux.

À la frontière des départements de la Dordogne et du Lot, je ne compte plus les villages classés et réputés pour leur impressionnante Histoire. Des constructions à flanc de falaise aux maisons à colombages, le cadre est splendide. Rocamadour, Beynac-et-Cazenac, la Roque-Gageac, Domme ou encore Castelnaud-la-Chapelle, les découvrir devient un incontournable !

Enfin, l’arrivée en région Occitanie révèle une nouvelle fois la richesse de la France, sa diversité culturelle et paysagère. Ces plateaux du Sud-Ouest de la France appelés « Causses » témoignent d’un changement de climat et de mode de vie. L’apparition d’une garrigue et de routes parsemées de pierres sèches déposées le long en guise de murets, marquent le passage dans le midi. Aussi fou que ça puisse paraître, il y a dans le Lot une ambiance toute autre, celle de l’Ecosse incarnée par Peter qui m’a accueilli à son tour. Ce dernier connaît bien les ambiances lointaines car il a accompagné des groupes à vélo pendant plus de 20 ans et ce dans le monde entier (Himalaya, Maroc, Amérique du Sud, Kirghizstan … ). Je reste pourtant persuadé que l’aventure peut nous faire vivre cette impression de « loin » très proche de chez nous ! Et vous, vous prenez le pari ? 😉

Le vélo file toujours, comme les belles rencontres, les régions et leurs paysages ! Depuis mon passage dans le Lot, j’ai traversé de nombreux territoires 🙂

Marylène, gérante d’une auberge de pèlerins à Cajarc, m’a accueilli pour une nuit. Je garde un très bon souvenir de cette soirée, car j’ai pu rencontrer un groupe d’amis de Toulouse, aussi drôles que touchants. Une nouvelle rencontre riche, qui me donne de l’énergie pour continuer.

À Najac, en Aveyron, je découvre un village beau et impressionnant, construit tout au long d’un éperon rocheux au creux d’un méandre de l’Aveyron. Hébergé chez Francis, un paysan tout juste à la retraite et passionné de voyage à vélo, je passe une nouvelle fois une soirée des plus réconfortantes.

D’ailleurs, à Najac, on propose une expérience gustative inédite, directement de la fève de cacao à la tablette, « La Chocolaterie du Nouveau Monde ». Mathis, qui est le responsable de production, m’a interpellé dans la rue reconnaissant le drapeau vendéen sur le vélo. Ayant de la famille dans le 85, nous avons commencé à discuter et j’ai pu ensuite « déguster » ce bon chocolat sous toutes ses formes ! Miam !

Le départ de Najac me donne du fil à retordre, et je commence à me dire que la montagne sera une sacrée épreuve physique et mentale. En continuant mon parcours, place au Tarn et à ses nombreux villages qui valent le détour, Cordes-sur-Ciel notamment ou encore Lisle-sur-Tarn. Je suis très souvent frustré de ne pas pouvoir m’arrêter suffisamment. J’ai dans la tête un chrono qui n’était pas là au début du voyage.

La ville rose, Toulouse me voici ! C’est la première grande ville que je traverse en vélo depuis le début du voyage. L’arrivée depuis le Nord-Est n’est pas évidente, car les routes sont dépourvues d’aménagements cyclables. Une fois à l’intérieur de la couronne, je me sens davantage en sécurité vis-à-vis de la circulation. Toulouse, c’est l’occasion de visiter une seconde fois cette jolie ville, chaleureuse, chaude et agréable. C’est aussi l’occasion de passer une journée avec Lisa et Lara, deux amies.

Capitale du Sud-Ouest, elle représente également le point de rencontre de deux personnes, concernées par les pathologies chroniques et qui ont fait de l’aventure une thérapie, Lucie et Damien. Avec l’incroyable défi d’avoir parcouru plus de 100 km à pied le long du canal du midi tout en ayant les contraintes de la spondylarthrite ankylosante et de la fibromyalgie, Lucie repart cette année pour continuer son défi. Reprendre où elle s’était arrêtée, à Carcassonne, et aller au bout du canal, direction Agde. Damien de son côté, trouve par une pratique méditative appelée « Zazen » , une thérapie à ses troubles bipolaires. En quête d’un nouvel équilibre dans la vie et avec la ferme intention de réduire les traitements médicamenteux, voire de les stopper, il se livre à des pratiques bouddhistes, où le quotidien est guidé par la pleine conscience. Portraits « chroniques » à découvrir à la suite du voyage à vélo.

Je quitte Toulouse sous la pluie. Cela fait quelques jours qu’il pleut ou qu’il ne fait pas spécialement beau. Moi qui pensais trouver du soleil dans le sud-ouest, c’est raté ! Pourtant, après les quelques kilomètres qui précèdent le panneau du « Gers », le soleil est là, et particulièrement chaud, comme s’il n’y avait pas de demi-mesure avec lui ou qu’il voulait se faire pardonner. Dans les premiers villages traversés, je retrouve cette briquette typique de la ville rose, mais aussi ces trottoirs en voûte. Magnifique.

Lupiac est un passage obligé pour moi ! Je ne suis pas un fan inconditionnel de d’Artagan et des œuvres d’Alexandre Dumas, mais les derniers films sortis au cinéma reprenant l’histoire de ces mousquetaires m’a donné envie d’y passer, pour le clin d’œil dirons-nous.

À ce stade du voyage, j’ai dans le coin de ma tête une pensée qui vient et revient sans arrêt « et les Pyrénées ? ». Je ne tiens plus, il me faut les voir, pour me rendre compte de leur existence ! Au détour d’un virage gersois, j’aperçois de nombreuses tâches blanches. Je me dis que ce sont sûrement des nuages, un bon groupe venu combler le fond du ciel. Ça me paraît quand même étrange cette histoire. Je sors l’appareil photo (faute d’avoir de véritables jumelles) et dans l’objectif ma rétine n’en revient pas, les Pyrénées sous une couche de neige blanche immaculée.

Deux émotions me traversent, l’émerveillement, mais aussi la crainte. Vais-je être capable de traverser cette chaîne de montagnes ? Ne ferais-je pas un peu trop le malin .. ? La redescente des hauteurs gersoises m’amène à bivouaquer dans un parc botanique, et même dans une palombière. À ne plus prévoir mes lieux de bivouac à l’avance (au moins la veille pour le lendemain), je me fais peur à ne pas savoir où dormir certains soirs. Heureusement, à Dax, Hervé m’héberge et me fait visiter la ville de nuit. Une soirée qui me réconforte et qui me permet d’arrêter de courir ou du moins qui me fait ralentir.

Très heureux d’avoir encore fait une jolie rencontre, je pars pour Saint-Jean-de-Luz où je serai hébergé chez Matthieu, un jeune Basque d’une vingtaine d’années passionné de vélo et de sport en montagne. Sur le chemin, à Bayonne, après avoir longé l’Adour pendant plusieurs dizaines de kilomètres, je rencontre Luc qui vient tout juste de finir un trip vélo de 3 semaines, au départ de Séville. On a beaucoup discuté, du voyage, des peurs, de l’organisation, ça me fait du bien ! Originaire d’île de France, il est possible que Luc m’accueille dans le dernier mois du voyage.

À la sortie de Bayonne, je subis la pluie, pas une petite, mais une bonne pluie, une « drache » comme on dit en Vendée. Rien d’anormal, c’est dans cette région de France qu’il pleut le plus en ml d’eau/m2 et par an. J’en ai eu la preuve ! Je traverse Biarritz et Saint-Jean-de-Luz sous la flotte avant de trouver l’adresse de Matthieu. La météo ne m’a pas permis de visiter ou de réellement profiter, mais ce qui me peine le plus est la journée réalisée, plus de 100 kilomètres fait. Ce n’est pas insurmontable pour moi, mais aujourd’hui, je n’ai pas pris beaucoup de plaisir, voire, j’ai subi. Et une nouvelle fois, j’ai eu l’impression de me dépêcher sur le trajet.

Je décide de prendre une journée de pause pour « voir du pays ». La maman de Matthieu me propose même de rester une nuit de plus si je le souhaite. La météo est également au rendez-vous, je crois en ma bonne étoile, elle me le rend bien. Je prends le temps de visiter Saint-Jean-de-Luz, station balnéaire Basque. Je ne peux pas m’empêcher de penser à la côte vendéenne et à ses petites maisons blanches aux volets bleus. Ici, ils sont rouges et verts comme les couleurs du drapeau local. Voir l’Océan me ravit, entendre le clapotis des vagues et sentir les embruns me donnent une énergie incomparable. J’ai l’impression de recharger les batteries, et surtout « prendre le temps », ça me plaît !

Avant d’entreprendre mon ascension en direction des Pyrénées, je prends le temps de rencontrer Céline, qui aurait pu participer aux portraits « chroniques », mais ne pouvant pas se synchroniser suffisamment, nous laissons le temps décider d’une prochaine rencontre. Céline est atteinte de la sclérose en plaques depuis une quinzaine d’années et a trouvé dans la pratique du surf, une thérapie. Elle est aujourd’hui médaillée de bronze au championnat du monde de parasurf et championne du monde par équipe. La rencontre est très inspirante. Ce voyage met une nouvelle fois en avant les bienfaits de l’aventure sur la santé, notamment des sports de pleine nature. L’Océan fait partie de sa vie aujourd’hui et la pousse à donner le meilleur d’elle-même dans le sport comme au quotidien. Je la remercie de m’avoir donné de son temps.

Après l’Océan, place à la montagne. Je quitte Hendaye en remontant la rivière qui sépare la France et l’Espagne. Je passe un pont, et me voici en Espagne, c’est fou. Je suis sur l’Euro Vélo 1 ou encore la Vélodyssée que l’on retrouve tout le long de la côte Atlantique française mais aussi espagnole et portugaise. Le décor côtier laisse la place à un autre plus montagnard, quelle transition. Le col d’Otxondo sera le deuxième col de mon périple avant de passer la nuit dans un village espagnol à planter ma tente à côté du cimetière. Le lendemain, je regagne la France par le col d’Ispeguy, ni trop dur ni trop long, ce qui me permet de profiter d’une vue incroyable sur les montagnes. Je suis heureux !

Qui n’a pas déjà entendu parler de Saint-Jean-Pied-de-Port ? Magnifique ville basque lovée dans les montagnes, c’est avec un grand soleil que je me retrouve parachuté dans son ancienne ville entourée d’une foule de personnes. On est déjà en été ? Non, simplement le 8 mai. Je n’ai jamais vu autant de pèlerins dans une même ville et pourtant depuis quelques semaines j’ai l’impression de voir cette coquille partout ! Je retrouve Natacha, une amie de Licence avec qui je mange, je suis content de la revoir. Ça fait du bien de voir des têtes que l’on connaît quand on passe toute une journée seul sans échanger. Elle m’offre des gâteaux basques, quelle gentillesse et quelle attention. Merci ! J’interpelle deux autres cyclistes avec des sacoches dans cette foule de pèlerins, sûrement un acte de résistance de ma part ! Je fais donc la rencontre de Juliette et de Charles qui arrivent de Bayonne et qui vont à Oloron-Sainte-Marie en passant donc par Saint-Jean-Pied-de-Port. On échange quelques minutes, je les trouve des plus sympathiques. De les quitter aussi rapidement me frustre et m’attriste. Pourtant, je n’ai pas le temps de trop traîner, j’ai un deuxième col à faire, le col d’Iraty.

17h30, me voici au pied du col d’Iraty. Le panneau de début de col m’indique 17km d’ascension pour un peu moins de 1000 m de dénivelé positif. Je me dis que les premiers cols basques se sont bien passés, pourquoi celui-là serait différent ? Je commence à pédaler et je vois en face de moi une route qui a une certaine envie de côtoyer les étoiles. Dans le jargon du cyclisme, on appelle ça « un mur ». Cela dépend sûrement de la personne en question mais pour moi ça l’est. Les 5 premiers kilomètres ont une moyenne fluctuante entre 9 et 11 % de pente. Résultat des courses, je pose le pied dès les 500 premiers mètres. Et je vais renouveler l’opération tous les 500 mètres, voir 200 mètres. La suite du col est une explosion de sentiments dans ma tête entre la colère, l’incompréhension, une pincée de motivation parfois, mais surtout la peur. Celle de la blessure, et d’avoir perdu le sens de ce voyage. Les paysages sont somptueux mais ça ne suffit pas pour moi.

Depuis plus d’un mois, je sens que je prends davantage de recul face aux aléas et aux galères quotidiennes, pourtant ce soir-là quand j’arrive au sommet à 20h30, je me pose toutes les questions possibles. Vais-je trouver la cabane que j’avais repérée sur les cartes ? Sera-t-elle ouverte ? Existe-t-elle vraiment ? Ai-je vraiment envie de vivre ça tous les jours de la traversée des Pyrénées ? Par ailleurs, la journée n’est pas finie pour moi, il me faut trouver la piste pour rejoindre la cabane en question. Dans l’inconfort d’une fin de journée, perdu dans les Pyrénées, j’ai froid, à plus de 1300m d’altitude. La fatigue et la peur se font ressentir. Puis je l’aperçois, la cabane ! Me voilà sauvé, elle est ouverte et quatre hommes sont autour d’un feu.

Exténué, démoralisé et énervé, je partage ma péripétie du jour avec Maxime, Simon, Romain et Renaud qui ont aussi prévu de dormir dans cette cabane pour la nuit. Je ne savais pas encore que cette rencontre allait bouleverser mon aventure. À l’initiative de Renaud, qui propose des aventures pour se « reconnecter à sa vraie nature », Maxime, Simon et Romain se sont lancés pour plusieurs jours d’itinérance dans les montagnes pour trouver, ou retrouver, du sens à leur quotidien, à leur vie. Me voilà membre du « cercle » pour une soirée et une matinée. Je me suis rendu compte que depuis presque une semaine mon voyage était devenu une course dans ma tête, où je passais à côté de beaucoup de choses, l’essentiel et ce pourquoi j’entreprenais ce voyage. Nous sommes le 9 mai et, dans la redescente du col, après avoir laissé le groupe continuer son aventure, je décide de modifier mon itinéraire dans les Pyrénées, et ainsi, retrouver un quotidien en vélo, celui qui me ressemble. Merci à ces quatre aventuriers, bravo pour leur courage et leur bienveillance. Me voici regonflé à bloc pour appréhender différemment ce voyage. Le soir, j’attends Juliette et Charles de leur redescente du col d’Iraty. 15km dans la journée pour moi, dont 14,5 km de descente, mais je m’en fiche, je peux profiter d’un bon moment, en bonne compagnie, et ne plus courir. Le voyage peut continuer et sur les bons rails. Merci à vous de suivre ce voyage 🙂

Ce 08 mai, journée de la montée des Cols d’Iraty et de la rencontre avec ces 4 hommes, marque un grand changement dans mon voyage. Je décide de prendre le temps d’apprécier le paysage et les rencontres tout en allant de l’avant.

À Larrau, où je passe la nuit dans un camping, le deuxième depuis le début du voyage, je reprends la route en longeant la rivière « Le saison » dans la province historique de la Soule. Après avoir traversé la commune de Haux et de Arette, je choisis donc de ne pas emprunter le col de Lié ni celui d’Ichère. Je prends la direction d’Issor puis d’Arudy afin de me préserver du dénivelé et des pentes trop importantes pour moi. J’aperçois les hautes vallées de ce coin des Pyrénées, entre la Vallée d’Aspe et la Vallée d’Ossau. Les montagnes encore recouvertes d’un manteau blanc me transportent. Assister à ce spectacle depuis le piémont me suffit. S’approcher davantage de ces cimes sera pour une autre fois, un autre voyage.

Longer les contreforts des Pyrénées ne veut pas dire s’écarter de tout dénivelé. Les journées qui suivent ma redescente du Pays Basque oscillent entre 750 mètres et 1000 mètres de dénivelés positifs. Les Pyrénées, ça se mérite ! À Bagnères-de-Bigorre, Aurélie que j’ai rencontrée à Ussel, fait une nouvelle fois des miracles. Elle me met en relation avec Paula qui travaille au « Pic » (restaurant du Pic du midi de Bigorre) , et qui peut me mettre à disposition un logement pour que je puisse me reposer. Une douche chaude, un lit confortable et une super colocataire, « Fifi » le perroquet. Je peux reprendre des forces avant de poursuivre ma traversée des Pyrénées.

Après avoir passé le Col des Palomières depuis Bagnères-de-Bigorre, j’aperçois la haute vallée et ses sommets, notamment le fameux « Pic du midi de Bigorre ». Je découvre, par la suite, que les Pyrénées ont aussi leur Baronnies, à l’instar des provençales alpines. Je traverse Marsas, Asque ou encore Esparros avant d’être accueilli chez Aygline et Ludo où je passe deux journées. J’accepte leur proposition de rester plus longtemps qu’une soirée. Toutes les mains tendues dans un voyage comme celui-là sont bonnes à prendre. Puis je reprends la route, cette fois-ci en direction de l’Ariège après avoir traversé les Hautes-Pyrénées et retrouvé la Haute-Garonne depuis mon passage à Toulouse. À Saint-Girons, je suis accueilli chez Alice et Gaston, un couple qui s’est installé dans cette ville il y a an. Je m’aperçois qu’ils ont acheté plusieurs cartes de randonnées IGN pour les coller au mur afin d’y recenser toutes les randonnées qu’ils ont réalisées. Cela me donne des idées pour la suite du voyage.

Le Pays Basque a marqué une réelle difficulté et notamment une remise en question de mes objectifs et de mes envies dans ce voyage. J’avais fait le choix d’oublier, un temps, l’idée de passer par les cols mythiques du massif comme le Col d’Aspin, le Tourmalet, Col de Marie Blanque, d’Aubisque, du Soulor ou encore le Col de Menté. Pourtant, il était temps de regagner les hauteurs pyrénéennes. Je prends donc la direction du Col du Port de Lers depuis Massat, une ascension exigeante, où je découvre « le Courtal de Peyre Auselère ». Des constructions en pierres sèches datant de plusieurs générations utilisées dans les activités agricoles. On peut même y dormir à la façon d’une cabane en montagne, cela me donne envie d’y retourner un jour.

Après avoir passé la soirée avec Léo, un camarade d’études, je reprends la route par Tarascon-sur-Ariège. Je passe par la route des crêtes surplombant la vallée de l’Ariège. Je passe la nuit au Col de Marmare après une montée accessible mais longue. Le réveil dans une brume épaisse est compliquée. J’ai beaucoup de difficultés à remballer mes affaires avec cette humidité et ce froid. J’ai mal aux extrémités des mains et des pieds. Heureusement qu’au village d’en bas je peux me réchauffer avec un café et manger quelques petites choses. Les vallées hautes et escarpées laissent rapidement place à des plateaux, celui de Beille, de Sault et enfin celui du Capcir. Ce dernier marque mon arrivée dans le territoire des Pyrénées Orientales, dernières étapes de cette traversée du massif.

J’avais en tête de passer la nuit dans une cabane non-gardée, celle de la Jaceta. C’est pourquoi, une fois arrivé sur ce plateau dont l’altitude oscille entre 1300 et 1700 mètres, je prends la route de cette cabane perdue dans la forêt, après un petit plaisir sucré à la boulangerie de Fourmiguères.

J’y passe la nuit en compagnie de Guillaume, un randonneur originaire de Chamonix, on y fait un feu, on discute, on rigole, on échange sans se demander ce que fait l’un ou l’autre dans la vie, car le plus important à nos yeux c’est cet instant, qui est au présent. Le lendemain, je repars de la cabane assez tard (11h), le temps de nettoyer l’intérieur, reconstituer un amas de bois pour de prochains locataires d’un soir (ou plus), et de prendre le temps d’écouter les sons de cette vallée. Au Col de Creu, qui me permet de passer du Capcir au Conflent, je rencontre Jacky, un cycliste retraité fou et singulier avec qui je rigole beaucoup. Des rencontres comme celle-ci vous rechargent les batteries pour une semaine entière.

Je rejoins la ville de Prades par une longue descente depuis le village de Railleu. J’emprunte une route en balcon qui serpente au rythme de la pente. Vue depuis le village, elle est aussi impressionnante qu’elle est belle. Le choc le plus important est la végétation entre une Ariège humide et verte et ce pays catalan sec et dénué de toute végétation. Après un dernier col de franchi, celui de Fourtou, et un superbe accueil d’Hélène à Prades, l’arrivée à Saint-Cyprien-Plage marque la fin de cette grande traversée des Pyrénées où je suis passé par beaucoup d’émotions. Surréalistes, imprévues, difficiles, énervantes, envoûtantes et sauvages, ces Pyrénées m ont permis de mieux me connaître. Sans me poser trop de questions, je continue mon voyage en direction de Montpellier où je vais oublier la montagne un temps et pédaler au rythme des ports et de la côte méditerranéenne.

Canet-en-Rousillon, Saint-Marie-la-Mer, Leucate, Port-la-Nouvelle ou encore Narbonne-Plage, je découvre toutes ces stations balnéaires de cette région que l’on appelait autrefois « Le Languedoc-Roussillon ». Je ne trouve pas cela beau, je trouve cela même plutôt moche, voir très moche ! Pourtant, c’est intéressant de se rendre compte des réflexions de cette époque où le tourisme est devenue une solution économique pour ces territoires. Le même constat est à faire dans ma Vendée natale, je ne me sens donc pas trop dépaysé !

À Palavas-les-Flots, je prends le temps de rencontrer Nicolas, sujet à une maladie appelée « la Fibromyalgie ». Il se lance le défi de rallier Argelès-sur-Mer aux Saintes-Maries-de-la-Mer en kayak au mois de Juin. À Agde, je retrouve Fabien atteint de la maladie de Crohn et qui a fait du vélo sa thérapie. Je me sens très reconnaissant que Nicolas et Fabien prennent de leur temps pour me partager leurs parcours respectifs, leurs combats et leur challenges. Celui de Fabien aura également lieu au mois de Juin, et prendra la forme de cinq grandes diagonales en vélo, réalisée en vélo avec des parcours entre 130 km et 250 km par jour. À Montpellier, je revois Clément qui voyage également à vélo, cela fait du bien de le retrouver, d’échanger sur les bonheurs, les galères ou tout simplement se revoir après notre rencontre à Sarlat-la-Canéda. Je prends le temps de rencontrer également Naomie, une amie de longue date. Ensuite, je repars en direction de Clermont l’Hérault chez Fabien où je passerai quelques jours pour réaliser le portrait.

Longer la Méditerranée m’a permis de me reposer et de me ménager un peu. À présent, il faut redoubler d’effort pour remonter sur les hauteurs depuis Montpellier, jusqu’aux plateaux du Massif Central. Fabien m’accompagne une nouvelle fois en vélo jusqu’aux pieds du Col du Vent à Arboras. Cette montée marque le début des festivités. En haut, je salue une dernière fois la Méditerranée que j’ai prévu de retrouver dans quelques semaines en Provence, à Marseille.

La météo n’est pas clémente depuis plusieurs semaines, mais j’essaie tant bien que mal de passer outre. Pourtant sur le plateau du Larzac, une force mentale solide ne suffit pas à résister à une pluie torrentielle. Je me réfugie dans un restaurant qui surplombe le Cirque de Navacelles où je rencontre 3 garçons, Jean-luc, Maxime et Maxime qui sont également à vélo pour quelques jours dans la région. Nous sympathisons rapidement en attendant que la météo s’améliore. La descente et la remontée du Cirque est splendide et impressionnante.

Je passe la nuit dans une caravane au Vigan chez Vincent et Domittie. Je suis le premier voyageur à vélo accueilli chez eux. Je suis très honoré ! Dans la soirée, Fabien me contacte pour me dire que j’ai oublié des affaires chez lui. Rien de surprenant pour moi mais cela reste embêtant. Je n’ai plus qu’à m’acheter une nouvelle brosse à dent et un nouveau savon sur le chemin ! Les jours qui suivent sont rythmés par de forts dénivelés à commencer par la montée depuis le Vigan au Mont Aigoual, une journée à moins de 50 km mais à plus de 1450 mètres de dénivelés positifs. La multitude de genêts commence à coloniser de plus en plus le paysage, je ne vois que ça, mais que c’est beau. Je passe un des panneaux d’entrée du Parc National des Cévennes, une nouvelle région s’ouvre à moi !

Florac Trois-Rivières, les Gorges du Tarn et enfin Millau, je sens que mon corps s’habitue davantage à l’effort dans la distance et dans le dénivelé. Je fais de nombreuses rencontres sur le chemin, c’est parfois au nombre de 3 ou 4 par jour, parfois plus. Les journées ne sont jamais les mêmes. Quelle chance d’être sur mon vélo, quelle chance de vivre un quotidien loin de la monotonie ! Cela me demande beaucoup d’énergie, car je suis constamment sollicité tant mentalement au rythme des rencontres que physiquement en fonction du dénivelé de la route. Je peux vous assurer que je dors très bien le soir.

Enfin, je rejoins Saint-Geniez-d’Olt, par le plateau du Lévézou, avant de monter sur l’Aubrac. Je décide, au final, de ne pas passer par Laguiole mais plutôt par le village d’Aubrac, Nasbinals avant de rejoindre l’Ardèche par la Margeride. L’Aubrac est une véritable surprise. Ces différents plateaux d’altitude dressent un paysage ouvert, pastorale et vert. De nombreux « burons », cabanes où étaient, autrefois, fabriqués les fromages, se situent dans ces landes. Le décors est fantastique, comme le sont ces vaches « Aubrac ». Impressionnantes, elles font parties du tableau. Un endroit à découvrir, pour ceux qui ne connaissent pas, perdu dans ces hauteurs du Massif Central.

Je rejoins Langogne à la frontière de la Lozère et de la Haute-Loire, où je passe la nuit dans une cabane d’observation pour oiseaux. Il s’agit de ma dernière nuit en Occitanie. Un soleil chaud et lumineux vient se coucher, illuminant le lac de Nassac et les différents oiseaux présents sur le lac. Je m’endors dans ce petit abris en imaginant les prochaines aventures qui m’attendent.

Le lendemain, c’est le dernier petit-déjeuner que je prends en Occitanie. Je profite d’une guinguette fermée pour emprunter une chaise et une table et me mettre à l’aise. Fromage blanc de brebis du coin, des flocons d’avoine, du miel et des morceaux du fruits, la journée peut commencer. Je quitte la Margueride pour rejoindre la Vallée du Tanargue, en Ardèche. C’est un lieu que je connais, j’avais réalisé une randonnée à pied ici l’année dernière. Je trouve ça chouette de repasser par tous ces coins. Ce n’est que le début de ce pèlerinage, puisque j’arrive dans une région où j’ai réalisé 3 années d’études.

La descente dans la vallée est sensationnelle, avec plus de 30 kilomètres à laisser tourner les rayons. À Largentière, je souhaite boire un café, au même endroit que lors de ma randonnée. Malheureusement il est fermé. Dans l’après-midi, 3 groupes de personnes curieuses viendront à ma rencontre. C’est fou ce capital sympathie que l’on a en voyageant à vélo.

Je rejoins Viviers depuis Largentière en une journée. Je rencontre Urs, un voyageur à vélo Suisse qui rejoint le Portugal. En anglais, ce n’est pas évident de se faire comprendre mais l’échange est drôle et très intéressant. Je suis maintenant aux portes de la Drôme et je vais profiter d’un week-end de 4 jours chez des amis à Dieulefit. Une pause bien méritée après plusieurs journées à rouler à une moyenne de 90 kilomètres pour 1200 de dénivelés positifs. Je n’ai pas fini de faire tourner les rayons dans les montées comme dans les descentes. Je n’ai pas fini de faire des rencontres marquantes et d’écrire ma propre histoire dans ce voyage. Il m’enrichit tellement que le retour à la vie sera un sacré choc. En attendant je traverse le Rhône et change de massif. Je peux dire « au revoir » ou plutôt « à bientôt » au Massif Central, et « bonjour » aux Alpes !

Au moment où j’entame la rédaction de ce nouveau recap’ de voyage, j’ai l’impression que l’étape précédente, celle du Massif Central est bien loin derrière moi. Pourtant, cela ne fait que 1 mois. De même, j’ai le sentiment d’être parti il y a très longtemps de ma Vendée natale, alors que j’ai pris ce départ il y seulement 100 jours (environ). D’un autre côté, ces 3 derniers mois ont été si riches en rencontres, en paysages, en émotions, en réflexions, que j’ai l’impression d’avoir pris la route depuis des années !

Après avoir traversé le cours du Rhône et laissé l’Ardèche derrière moi, je pose mes valises, ou plutôt mes bagages, en Drôme (ou dans la Drôme). C’est la deuxième fois que je m’arrête aussi longtemps, 4 journées pleines. La dernière fois, c’était à Toulouse, à l’occasion de deux rencontres pour la réalisation de portraits, celui de Lucie et de Damien. C’était également l’occasion de passer un moment avec des amies, Lara et Lisa. Je m’étais permis de relâcher la pression dans un bus, le temps d’une heure. J’ai cru que j’allais entamer une sieste d’une semaine ! Cette fois-ci, je me dis qu’il faut que je reste actif ! Bref, cela fait du bien de voir les amis, avant de repartir en direction des Alpes-de-Haute-Provence. Je fais le plein d’énergie et je me lance à la découverte ou la redécouverte d’une bonne partie du Parc Naturel Régional des Baronnies Provençales. En effet, ayant réalisé mon dernier stage d’études à Dieulefit, je suis content de passer par ici, mais cette fois-là en mode « touriste ».

Cette région méridionale de la Drôme, jouant pleinement son rôle de contrefort préalpin, me fascine. Ces montagnes sèches, pourtant assez vertes semblent vouloir appartenir à cette région qu’est la Provence. Les cigales chantent, ou plutôt elles cymbalisent (enfin seulement le mâle pour plaire à madame), à l’approche des chaleurs. La culture de l’olive est un marqueur fort du paysage proche des villages, tout comme l’élevage de brebis ou de chèvres sur les hauteurs. La pierre est calcaire comme dans les monts de la Sainte Victoire, de la Sainte Baume et des Maures qui ont vus naître et inspirés Marcel Pagnol ou encore Paul Cézanne. Le pays drômois, se situant entre la Provence et le Dauphiné, revendique son caractère et son identité unique.

Depuis Buis-les-Baronnies, je rejoins le village de Montbrun-les-Bains, un des plus beaux villages de France. J’ai la bonne surprise de retrouver, dans une épicerie locale, un groupe d’amis originaires de Die et de ses alentours. Je les ai rencontrés au Col d’Ey (voir la photo plus haut). Nous avions échangé et sympathisé. Bien évidemment, nous avions des connaissances en commun. Le monde est petit comme on dit ! C’est un plaisir de les recroiser sur le vélo, et vu que c’est l’heure du midi, nous mangeons ensemble. J’ai l’impression que quand on voyage, à vélo ou d’une autre manière, le temps est notre principale richesse. C’est la temporalité qui dicte notre quête de l’eau, de la nourriture, du lieu pour dormir, de l’énergie qui nous reste ou que sais-je. Je pense qu’il s’agit de jouer avec cette ressource du temps au quotidien pour s’assurer de continuer le voyage dans de bonnes conditions. En fin de compte, c’est la même chose dans la vie plus ou moins sédentaire, mais la grande différence du voyage à vélo, c’est que ce temps est principalement utilisé pour remplir des objectifs essentiels, manger, boire, avancer, se reposer, rencontrer, se ressourcer. Tout ceci pour dire que je prends le temps de manger avec ce groupe d’amis et que je suis heureux de le faire. Je peux me dire, « Je vais continuer de mon côté à avancer », et donc manger tout seul quelques kilomètres plus tard. Il s’agit de faire confiance à nos envies.

J’ai ensuite passé le panneau des Alpe- de-Haute-Provence et de surcroît celui de la Région Provence-Alpes-Côtes d’Azur. J’ai toujours souhaité passer par ce coin que j’avais découvert dans un autre stage d’études. Je passe le Col de Macuègne (1068m), puis celui de la Pigière (968m) avant de redescendre la vallée du Jabron sur presque 35 kilomètres, le bonheur à vélo ! Je salue la Montagne de Lure, la petite sœur du Ventoux que j’ai la chance d’observer lors des deux derniers jours. À Châteauneuf-Val-Saint-Donat, je rejoins Florian, un ancien collègue. Je suis une nouvelle fois accueilli avec beaucoup d’attention et de gentillesse. Florian me propose une salade avec des herbes du jardin (menthe, coriandre …) et une bière en guise de rafraîchissement et de réconfort. Dans ces moments-là, je ne peux m’empêcher de penser à cette chanson écrite par Michel Berger, interprétée par France Galle « Il jouait du piano debout » avec cette phrase, « C’est peut être un détail pour vous, mais pour moi ça veut dire beaucoup… » Je crois que tous les voyageurs à vélo se reconnaîtront, le réconfort d’une boisson chaude, d’un repas, d’une attention sucrée n’a pas de prix, et ça parait pourtant si simple pour celui qui l’offre.

Je reprends la route en longeant la Durance en direction de Forcalquier, pour y retrouver Mélanie, une amie que j’ai rencontrée au cours de mes études. Une trentaine kilomètres me séparent de chez Florian pour aller voir Mélanie. C’est donc une étape assez courte en comparaison de ma moyenne quotidienne, plutôt de l’ordre des 75 kilomètres. Une nouvelle fois, je trouve du réconfort auprès des personnes qui me sont familières. Je retrouve mes repères, une certaine zone de confort où ma curiosité est pleinement satisfaite et mon enthousiasme débordant. Pourtant, je sais qu’il ne faut pas que j’abuse de ce confort retrouvé, sinon repartir sera d’autant plus compliqué. Le passage d’une bulle chaleureuse et douce (un lit, un repas, un moment convivial, une météo clémente), à une situation inconfortable et difficile (recherche compliquée d’un lieu de bivouac, solitude, pluie, froid et vent) est souvent brutal. Je quitte le pays de Jean Giono pour gagner celui de Paul Cézanne. Il s’agit d’Aix-en-Provence et de ses alentours. Je suis accueilli par Ghyslaine et Laurent, les parents de mon amie Marielle. Je les remercie pour leur aide et leur générosité puisque grâce à eux deux, j’ai pu me rendre dans un magasin Décathlon sur Aix afin de changer l’ensemble de la transmission du vélo (cassette, chaîne, pédalier et boîtier). Il y a « urgence » puisque l’usure de la transmission est totale après 6 000 kilomètres parcourus (2 000 kilomètres d’avant voyage et 4 000 premiers kilomètres du voyage). Fort heureusement, les planètes s’alignent et je peux repartir en direction de Marseille.

Comme je l’ai partagé depuis le début du voyage, je ne suis pas toujours rassuré quand je me rends dans une grande ville française à vélo, et l’épreuve marseillaise me paraît être la plus redoutable. Une anxiété qui résulte de discussions échangées avec d’autres voyageurs à vélo ou simplement des locaux. En effet, les pistes cyclables se comptent sur les 5 doigts de la main dans la cité phocéenne. Pourtant, ma traversée de la ville depuis Plan-de-Cuques jusqu’à Luminy en passant par le quartier du Vieux-Port se passe à merveille, je dirais même qu’elle est plutôt douce. Ce n’est pas pour autant que je m’arrête, visiter la ville. Je pédale le long de la côte apercevant le fameux « Cercle des nageurs de Marseille » construit à flanc de rocher entouré de la mer méditerranée, la « Bonne Mère » ou encore le Fort Saint-Nicolas. Marseille est une ville tournée vers la mer et ces massifs calcaires.

Je passe le Col de la Gineste après avoir été accueilli par Audrey, une connaissance de mes dernières années d’études sur Gap. Je me sens en forme, prêt à franchir les montées raides et étouffantes de la Côte d’Azur. Je passe Cassis, la Ciotat, Saint-Cyr-sur-Mer que j’avais déjà découverts dans ma première aventure à vélo de quelques jours. Le vignoble de Bandol se montre dessinant les pentes des villages du Castellet, du Beausset ou encore de la Cadière d’Azur. C’est à ce moment-là, que je me rends compte que la fréquentation sur les routes est plus importante, l’été arrive, les touristes également, et sûrement plus de stress pour les cyclistes ! Je ferai avec, advienne que pourra !

Après une nuit hors du temps, perché sur les hauteurs du Beausset au Sanctuaire Notre Dame, je rencontre, au réveil, une association de retraités (pour la plupart) qui ont pour mission de restaurer le lieu, entretenir les extérieurs, tenir la boutique du sanctuaire et valoriser le patrimoine en question. J’ai le droit à une visite privée du sanctuaire et de ses nombreux tableaux accompagné d’un café de l’amitié. Un nouveau souvenir, si simple, mais qui me restera en mémoire pour longtemps. Je redescends de mon perchoir avec une seule idée en tête à présent, prendre le ferry pour la Corse !

De nombreuses personnes (oui, ils sont des millions derrière le projet 😉 ), ont été surprises de me voir prendre le ferry à Toulon en direction d’Ajaccio. J’avais pourtant bien partagé mon itinéraire prévu en Corse initialement sur la carte au départ du voyage (voir la carte au-dessus). Ça ne fait rien, au contraire, cela a permis d’ajouter du suspens et quelques rebondissement dans cette aventure (l’industrie du cinéma n’a qu’à bien se tenir ! 😉 Prendre le ferry avec le vélo et tout ce que cela implique est un véritable challenge pour moi, je suis donc très fier de moi de me lancer dans cette petite aventure. À Toulon, j’attends le ferry prévu à 18 h. À l’embarquement, je me demande où mon fidèle destrier sera entreposé … Je ne peux cacher une certaine peur à l’idée qu’il soit abîmé par la traversée, notamment la transmission. À l’entrée du ferry, un membre d’équipage m’indique de poser mon vélo à proximité des véhicules qui font la traversée. Mon vélo est attaché à l’aide d’une corde qui semble des plus solides, ça ne semble pas bouger, je me sens rassuré. Je prends mes repères sur le ferry, et dans le même temps, je rencontre d’autres « aventuriers », Morgane, Cora, Arthur et enfin Alexy. Nous passons la soirée ensemble, mais aussi le début de la nuit où « s’alcooliser, à la pietra, avec des inconnus rencontrés il y a seulement une heure sur un ferry en direction d’Ajaccio » devient une de mes phrases fétiches de mon carnet de voyage …

Évidemment, l’arrivée à 6 h du matin à la gare maritime d’Ajaccio pique un peu. Je ne sais pas si je dois rire ou pleurer quand je m’étais prévu comme première étape : 71 kilomètres et 1380 mètres de dénivelés. Ah ah ah (rire jaune) ! Qu’importe, j’ai passé une superbe soirée sur ce ferry et j’ai fait de très belles rencontres. A présent, il faut assumer mes objectifs ! Je prends donc la direction de Piana en plein Sirocco. Je suis si heureux d’être en Corse, cela fait longtemps que je rêve de découvrir cette île, appelée « l’île de beauté ». La première journée est assez frustrante pour moi puisque traverser ce paysage dans ce vent rempli de sables venant tout droit du Sahara ne me permet pas de voir suffisamment loin. Pourtant, ce voile jaunâtre force la contemplation en imposant un nouveau regard sur cette région. Je me sens au final chanceux, puisque je suis témoin d’une situation rare, d’une ambiance unique. Lors d’une aventure, la météo nous rend la plupart du temps privilégié puisqu’elle rend le moment unique malgré le froid, le vent, l’humidité, la chaleur parfois. Immortaliser l’instant à plusieurs reprises pour ne pas oublier que je suis constamment privilégié de ce tableau qui est peint devant mes yeux.

Après avoir passé la nuit à proximité du stade municipal de Piana, je rejoins mon parrain Franck et ma tante Corinne qui sont en vacances en Corse, à Porto. Quel bonheur, une nouvelle fois, de passer un moment avec ses proches. Le soleil, la bonne humeur et la convivialité sont au rendez-vous ! Je repars dans l’après-midi sur la route de la côte avec une vue imprenable sur la mer et les falaises. Le Sirocco est toujours présent, mais il se fait plus timide. La route est sublime, c’est si sauvage, c’est si préservé comme endroit. Le soir, je choisis de m’arrêter dans un gîte d’étape à Galèria, chez Pierre et Sophie. Le nom du lieu « U Pagliahghju » fait référence à la marque mondialement connue d’équipements de pleine nature « Patagonia ». Je n’ai pas beaucoup réservé d’hébergement marchand depuis le début du voyage, je n’ai donc pas de référence en la matière. Néanmoins, ayant réalisé une partie de mes études dans le tourisme, je sais reconnaître les structures qui souhaitent donner du sens à tout ce qu’elles entreprennent de celles qui ne le font pas. Je n’ai qu’une chose à dire « Rencontrez Pierre et Sophie et profitez » 🙂 . De plus, ce fut l’occasion pour moi de rencontrer Stéphanie et Thorsten, avec qui j’ai passé la soirée à discuter tout en mangeant mes lasagnes au brocciu.

Je me rends compte que toutes ces rencontres sont de plus en plus importantes dans mon voyage, elles me permettent de surmonter les moments plus compliqués, de retrouver un véritable sens à ce voyage quand parfois, je doute de ce que j’entreprends. Je repars de chez Pierre et Sophie, le cœur rempli de bonheur et de souvenirs à garder le plus longtemps possible. Il fait beau, je passe le col de Marsolino (443 mètres) ou « Bocca di Marsulinu » en Corse, malgré son altitude qui reste assez faible par rapport à d’autres cols de montagne, il me donne du fil à retordre et à retordre encore ! Dans la redescente, en direction de Suare, j’atteins les 60 km/h. Je peux vous dire que vous mettez du temps avant de reprendre vos esprits. Dans ces moments-là, je sais que je n’ai pas droit à l’erreur avec mes 20 kilos de bagages, pourtant, je ne peux cacher le fait que les sensations sont intenses. Je suis accueilli par Philippe et Béatrice à Losari, quartier en face de la mer faisant partie de Belgodère. Je suis gâté, choyé, bichonné une nouvelle fois. Je repars avec un « figatellu » dans les sacoches ;). Par ailleurs, je suis heureux de mettre enfin une image sur le fameux « Désert des Agriattes ». À première vue, je suis déçu puisque mon imaginaire s’attendait sûrement à un désert de sable fin, avec au loin des silhouettes tirant des camélidés tout en ayant un horizon à perte de vue. Mieux, que cette vision simpliste, cette région localisée de la Corse a été, bien au contraire une terre longtemps cultivée par les habitants. C’est à la venue de la bourgeoisie britannique, au temps de la « Belle Époque » que cette description a vue le jour. Ce terme de « Désert » fut renforcé à la fin de la Première Guerre Mondiale 1914-1918 avec le départ des jeunes hommes au front et des habitants vers les hauteurs de l’île de Beauté.

Sur les hauteurs de Murato, je déniche un petit lieu de bivouac fort sympathique dans les montagnes. Pourtant 30 kilomètres avant, j’étais sur la côte à Saint-Florent. Ce constant aller-retour entre la mer et la montagne est assez déstabilisant, mais tout aussi envoûtant. Je dors sur un sol sableux entouré d’une végétation luxuriante, verte, imposante. Je me crois à l’autre bout du monde, dans ces îles tropicales, les caraïbes. Je dis cela, car je suis fan depuis tout petit de cette célèbre saga américaine et de son protagoniste à la barbichette, à l’épée en bois et au compas qui n’indique pas le nord. J’ai véritablement l’impression d’être sur une île isolée, seul, où je pourrais jouer au pirate. Corte sera ma prochaine étape corse en passant par de magnifiques villages tels que Bigorno, Lento ou encore Popolasca et ses aiguilles (E Penne Rosse). Toute cette journée, je joue au chat et à la souris avec la météo. Je prend une fois la pluie dans une descente pentue à hauteur de Ponte Leccia, une autre dans la montée au village de Popolasca puis enfin à Corte en soirée après avoir installé ma tente dans un camping. Le lendemain, je visite cette ville de montagne perchée au milieu de l’île. Elle est colorée et vivante. Je me rends bien compte que malgré ses quelques 7 500 habitants en comparaison aux 69 000 âmes d’Ajaccio et aux 44 000 de Bastia, Corte est une ville chargée d’histoire est d’une importance cruciale dans le développement de la Corse.

Corte est en réalité la capitale historique et culturelle de l’île en raison de sa position centrale. Elle est le témoin de la période d’indépendance corse, face à la République française et la République de Gênes, qui se situe entre 1755 et 1769 instauré par Pascal Paoli en tant que Chef de la République de Corse. Homme politique, philosophique et militaire, il marque l’île par sa volonté de progrès social et sociétal notamment avec la création de la première université de l’île (et sa seule encore aujourd’hui), « Università di Corsica Pasquale Paoli ». Présenté comme un véritable père de la nation « U babbu di a patria », son action résonne encore aujourd’hui dans le cœur de nombreux Corses. Mise à part une déambulation heureuse dans les rues de Corte et une compréhension de l’histoire locale, j’ai pu découvrir une exposition photos sur les peuples méditerranéens, c’est sympa de prendre ce temps, ça change du pédalage quotidien. Je décide de rejoindre le sud de l’île par le centre en empruntant les hautes vallées. C’était sans compter sur les caprices météorologiques. Dans la redescente du village de Noceta, je me prends une pluie comme jamais je n’avais rencontrée depuis le début du voyage (je crois). Je suis trempé jusqu’aux os, la veste imperméable et le pantalon de pluie ne suffisent pas ! Que vois-je ? Du ciel bleu au loin ! Je prends mon téléphone malgré la pluie, le beau temps se situe sur la côte Est de l’île, sans surprise.

Je ne suis pas sûr de moi mais je pense retrouver le soleil à Ghisonaccia ! Bingo ! Je me pose sur un banc en face de la mer, au sec. Je laisse le silence des vagues me bercer, les rayons du soleil me caresser les joues. C’est fou, il y a 15 minutes, j’étais dans l’orage qui grondait, trempée, dans un instinct de survie à pédaler pour ne pas me refroidir et me voilà sur un banc où des gens jouent sur la place comme s’il ne s’était rien passé. Quel contraste ! C’est l’aventure ou l’effet de la Corse ? Un peu des deux sûrement. Je profite des derniers jours sur l’île pour revoir une des personnes que j’avais rencontrées sur le ferry à l’aller, Morgane. Une partie de pétanque, une soirée à regarder les étoiles avec ses collègues de saison et je prends la direction de Bonnifacio que je visiterai rapidement durant une après-midi avant de trouver un lieu pour planter ma tente sur la côte.

Les dernières journées sont frustrantes, car je dois attendre avant de prendre mon ferry de retour à Ajaccio après avoir fait le tour de l’île. Le billet était moins cher et le ferry est de nuit. Je réduis la voilure et prends donc le temps de me baigner, de me reposer, ce qui ne m’empêche pas de galérer à trouver des lieux de bivouacs. Notamment, du côté d’Acqua Doria, je m’étais mis en tête que je dormirai en haut d’une ancienne tour génoise, mais sur le terrain le chemin est impraticable à vélo, alors je me mets à la recherche d’un autre lieu. C’est sur la plage 200 mètres en dessous du village, qu’un groupe d’amies m’indique un endroit un peu secret où je serai au calme. Je dois me faufiler à travers la végétation haute et coupante pour atteindre le lieu. Je n’ai pas eu le temps de maudire ce groupe d’amies, car j’ai en face de moi une vue imprenable sur la mer avec une table et deux chaises qui m’attendent, un terrain plat pour la tente, et même une crique privée. Je vois dans ce petit lieu, le bouquet final de cette aventure, ma première aventure corse. Quelle claque !

Le retour sur le continent est un peu compliqué puisque j’attrape froid sur le ferry (foutue climatisation !), sans parler du fait que je loupe mon ferry du soir et que je dois attendre celui du lendemain. 😉 Adaptation, sang froid, tout va bien ! On souffle et les choses rentrent dans l’ordre. À Toulon, je suis logé chez Carine avant d’aborder ma première remontée des Alpes, par le Var. Les premiers jours, je ne prends pas beaucoup de photos, ni de vidéos. J’ai l’impression qu’il faut que je vide ma tête en pédalant. « Se vider », le nez, il en sait quelque chose ! Désolé par avance pour l’image horrible que je viens de déposer dans votre cerveau, mais oui les 5 jours qui suivent mon débarquement à Toulon sont très compliqués. La crève m’a affaibli, et demande à mon corps de l’énergie pour me guérir, sauf que je continue de pédaler, ce qui rend la guérison bien plus lente. Les premières grosses montées dans l’arrière-pays varois, à Bagnols-en-Forêt ou encore à Ampus me demandent une énergie dingue. Je tousse si fort dans les ascensions que j’ai l’impression que je vais vomir. Même si je suis têtu, je décide de ne pas passer par Castellane, la Palud-sur-Verdon et la fameuse D17 historique qui relie les Gorges-du-Verdon à Majastres. Tant pis, j’y retournerai ! Je choisis un itinéraire moins vallonné et plus direct jusqu’à Digne-les-Bains.

Sans cette crève, je n’aurais sûrement jamais fait la rencontre de Lou et Guilwen qui m’accueillent chez eux, pour une nuit, à Régusse. Ce couple de mon âge, revenait tout juste d’un voyage de la France à la Turquie en passant par la Suisse, la Slovénie, la Croatie, la Bosnie-Herzégovine, le Monténégro, l’Albanie, et la Grèce ! Quel plaisir d’échanger sur leur voyage, leurs peurs, leurs bonheurs, leur préparation ! Merci la crève ? Ah non quand même pas ! Je relie Digne-les-Bains, préfecture des Alpes-de-Haute-Provence en passant par le Lac de Sainte-Croix. Dans cette ville à taille humaine, j’en profite pour revoir des collègues rencontrées dans un stage et Gemma une amie de Licence. Je remonte la vallée du Bès, un coin que j’aime particulièrement en raison de sa géologie particulière. Je suis tellement heureux, dans ce voyage, de repasser par ces endroits qui me tiennent à cœur. J’atteins le Col du Fanget où les deux derniers kilomètres sont un véritable mur. Je rejoins le Lac de Serre-Ponçon depuis Seyne-les-Alpes où Clara et Louis, des homologues de formation, m’attendant pour partager une bière et une pizza à la guinguette près du lac, qu’est ce que ça fait du bien. Clara m’accompagne avec June, son cheval, jusqu’à la sortie de Saint-Vincent-les-Forts. Un nouveau moment hors du temps.

Me voici dans les Hautes-Alpes, ce département que j’ai découvert à mon entrée en master. La porte d’entrée fut la ville de Gap, sa préfecture. Pourtant, je ne m’y rends pas et prends la direction d’Embrun, puis de Briançon en remontant la vallée de la haute-durance. Sur le chemin, je me pose le temps d’une journée chez mon amie Océana puis chez Valentin et Alexandra à Briançon. J’ai l’occasion de redécouvrir le glacier du Pelvoux, les hauts sommets du Briançonnais. Une nouvelle fois, je change mes plans. Initialement, je prévoyais de passer en Italie par le Col de l’Echelle que j’aime beaucoup, et de rejoindre la vallée de la Haute-Maurienne par le Col du Mont Cenis. Je me ravise, puisque je ne me sens pas de réaliser tout ce dénivelé. Je rejoins alors le Col du Lautaret (2057m) qui sépare la vallée de la Romanche avec celle de la Guisane. Depuis quelques mois, je pédale plutôt au sec, mais après le déluge corse, j’ai droit au déluge alpin en face d’une Meije (3984m) timide et qui se cache. Le soir, je trouve, au Bourg d’Oisans un lieu pour faire sécher mes affaires et me mettre au sec.

Le soleil est revenu, il n’y a que de la descente jusqu’à la capitale des Alpes, Grenoble me voici ! Je crèche chez Alban et Aymeric, des amis du coin, pendant 4 jours. Pour le 14 juillet, nous montons à Chamrousse pour assister au feu d’artifice en compagnie de Sarah, une amie de Licence. On ne s’était pas vu depuis plusieurs années ! Quelques jours auparavant, je contactais Franck Derrien, autiste asperger et vice-champion de France de sport adapté. J’étais tombé sur un article à son sujet. Face à l’anxiété que représente la ville, la société, Franck a trouvé une de ces échappatoires : la montagne. Je lui ai alors proposé de réaliser un portrait, ce qu’il a tout de suite accepté. Franck n’est pas méconnu des habitants du Grenoble et encore moins de Villard-de-Lans où il réside. À 18 h, me voici à crapahuter dans les alpages de la station, parallèlement aux remontées mécaniques, dans la brume avec un sac à dos et des bâtons que l’on m’a prêtés, tout en retrouvant la douleur de marcher dans une pente à 45 %. J’hésite à embrasser pleinement ce moment qui est fou ou de me demander « Qu’est ce que je fous là ? ».

Arrivé au refuge où Franck m’a proposé de dormir, le soleil dépasse d’épais nuages. Nous sommes dans la lumière, au-dessus du reste, dans un silence surnaturel. Nous discutons tous les deux de nos valeurs, des pathologies, de la montagne et de ses bienfaits afin de donner du corps au portrait. Franck me dit « Il y a souvent des bouquetins par ici, mais ils ne s’approchent que très rarement des remontées mécaniques, ils n’aiment pas trop » ; « Si on en voit, nous sommes chanceux ». Il aura fallu un peu moins de 15 minutes pour apercevoir des silhouettes avec de grosses cornes sur la falaise en face. Nous sommes à présent plus d’une cinquantaine à 2 000 m d’altitude, entre Franck, moi et nos amis les bouquetins. Je passe la nuit en haut, seul. Le lendemain, je reprends un bus pour Grenoble afin de retrouver mes amis, et de continuer mon périple en direction du Vercors. Je suis très heureux de ce moment, qui me demande beaucoup d’énergie, mais qui en vaut la peine !

Je dis au revoir à Alban et Aymeric, et je prends la direction de Valence par les plateaux du Vercors. Je traverse une nouvelle fois Villard-de-Lans, mais cette fois-ci à vélo. À Méaudre, je dors dans une cabane forestière. Depuis quelques années, j’ai découvert le plaisir de dormir dans des refuges, cabanes et autres abris. Pourtant, cette baraque dans la forêt ne me procure pas ce plaisir puisqu’elle est immense et sombre, près d’une route, et je suis seul. Je peux vous dire que j’étais content de repartir le lendemain. Quelques kilomètres après mon départ de la cabane, je rencontre une famille de Marseille qui me propose de partager un café sur une aire de pique-nique où ils ont passé la nuit. J’ai ce plaisir, encore, de rencontrer de nouvelles personnes et de m’enrichir de ces discussions. Je repars toujours plus motivé après de belles rencontres. Je roule en direction de la partie méridionale du Vercors, Saint-Julien-en-Vercors, La Chapelle-en-Vercors puis enfin Vassieux-en-Vercors. C’est ici que j’ai arpenté, pour la première fois, les pentes abruptes et montagneuses. C’est précisément, sur le plateau de Font d’Urle que je suis tombé amoureux de ces grands espaces quelle que soit la saison.

Je ne m’arrête pas sur le plateau de Font d’Urle, mais chez son voisin, celui d’Ambel. Je passe la nuit au refuge du Tubanet, entièrement restauré et équipé par le département de la Drôme. Je décide d’emprunter une piste inscrite comme « carrossable » sur la carte. Sur le terrain, il n’en est rien. Tant pis, je pousserai le vélo sur quelques centaines de mètres avec une vue imprenable sur le plateau d’Ambel où il y a un petit air de steppes mongoles. Je gagne le Col de la Bataille où j’aperçois de loin les montagnes de cette Drôme Provençales où j’ai laissé derrière moi mes amis de Dieulefit il y a plus d’un mois maintenant. À l’auberge de l’échaillon, je me fais plaisir, je commande une bière locale et un gratiné de ravioles du Dauphiné accompagné de ses noix de Grenoble et de son Bleu du Vercors. Je crois qu’une de mes motivations dans ce voyage, c’est la nourriture ! C’est parti pour une descente de 40 kilomètres jusqu’à Valence afin de rejoindre Baptiste et Pauline. Le programme de la soirée sera baignade en rivière, concert de Zazie sur le Champ de Mars de la préfecture drômoise et cinéma le lendemain. Je ne vais pas vous cacher que ça fait du bien de retrouver ces plaisirs de la vie, et ça me manque un peu.

Depuis Valence, je traverse une nouvelle fois l’Ardèche, cette fois-ci le long de la vallée de l’Eyrieux par une voie verte appelée « la Dolce Via ». C’est sûrement un des itinéraires cyclables les mieux aménagés en France et qui évolue dans un cadre idyllique. Sur la route, je rencontre Thomas qui revient chez lui à Lyon, à vélo, après un séjour familial en Ardèche. Thomas me propose de m’accueillir lors de mon passage à Lyon, j’accepte avec plaisir. La vallées de l’Eyrieux est progressive au niveau du dénivelé, mais ça ne dure pas longtemps. Rapidement, je prends la route du Col de l’Ardéchoise et celui de la Croix de Boutières. Je suis sur la route du Mezenc, un itinéraire que l’on m’avait conseillé pour rejoindre le Puy-en-Velay. C’est haut, fabuleux, une nouvelle fois complètement nouveau pour moi. Je descends de l’autre côté du Col est une invitation à un nouveau voyage, celui de rouler en Haute-Loire, où l’impression de rouler sur de hauts plateaux dessinés par de vieux volcans est réelle. Le soir, je suis accueilli par Vincent et Anne. Nous avons beaucoup de sujets en commun, notamment la connaissance de ce beau département qu’est la Vendée, mais aussi du voyage à vélo par le prisme de leur fils, Alexandre, qui a entrepris une itinérance jusqu’en Asie Orientale depuis la France.

Ma traversée de la Haute-Loire est rythmée par la découverte de sa préfecture, le Puy-en-Velay puis d’un itinéraire longeant la rivière de l’Allier, traversant ses villages et ses gorges. Le climat est sec, il fait beau et tremper ses pieds ou tout son corps le soir dans l’eau n’est pas du luxe. Au rythme des volcans ou plutôt des « sucs », je prends la direction du Puy-de-Dôme. Initialement prévus, je ne passerai pas par le Cantal, le plateau du Cézallier et le massif du Sancy. Je souffre pas mal du dénivelé depuis quelques semaines, et j’apprécie les journées où je peux rouler en déroulant les jambes sans trop forcer. J’y reviendrai ! Cela me permet de m’arrêter chez Ophélie et sa maman Françoise à Brassac-les-Mines où j’ai la chance de découvrir le patrimoine local et cette histoire forte et saisissante des mineurs de fond. Je m’imprègne de cette mémoire, pour ne pas oublier cette époque. À Clermont-Ferrand, je rejoins le centre-ville que je connais déjà un peu. J’ai souvent fait étape dans la capitale auvergnate quand je rejoignais ma Vendée natale et les lieux de mes études dans le sud-est.

Je me donne deux jours pour relier Clermont-Ferrand à Lyon, ce qui représente 200 kilomètres et un peu plus de 1900 mètres de dénivelés positifs. j’ai un besoin très important de me renforcer et de m’étirer, depuis quelques semaines, je suis dans le « dur » physiquement. Je ne prends le départ qu’à 14 heures, et je me force à garder un bon rythme toute la journée. Plus de 100 kilomètres et quelque 1300 mètres de dénivelés positifs réalisés, j’ai trop forcé, une sensibilité est apparue à la cuisse droite. J’arrive tard sur le lieu de bivouac, 20h30. C’est ce qu’on appelle une bonne journée. Le lendemain, j’arriverai à Lyon en fin d’après-midi en faisant attention, il ne faut pas que j’enchaîne plusieurs journées comme ça. Je retrouve Thomas au sud de la ville qui m’avait proposé de m’héberger. Nous faisons plus ample connaissance, nous parlons de nombreux sujets, le vélo, le trail, l’Alsace dont il est originaire, les chemins de fer d’époque, ainsi que son expérience lyonnaise. Je ne trouve pas le temps de visiter la ville, mais j’ai déjà eu cette occasion à de multiples reprises.

Je partage mon sentiment du moment sur les réseaux sociaux concernant le voyage et le projet. En cyclisme, il est souvent évoqué, la « bascule » définit comme le fait de « plonger dans la descente après avoir atteint le sommet d’une côte. L’emploi de ce terme traduit aussi le soulagement d’en avoir terminé avec la montée ». (velocourse.fr). La mienne a eu lieu au bout de 3 voir 4 mois de voyage. Elle n’est pas un soulagement, mais plutôt une prise de conscience concernant de nombreux aspects du voyage. Je me suis rendu compte que j’avais de plus en plus de mal à récupérer physiquement, je n’étais plus autant émerveillé qu’avant. Le voyage commençait à être un peu long, un sentiment renforcé par le bonheur que me procurent les petits moments retrouvés de la vie de tous les jours lorsque je suis accueilli (restaurant, cinéma, pause de plusieurs jours). Une bonne ou une mauvaise nouvelle ? Suis-je en train de subir ou plutôt de trouver mon fonctionnement de l’après-voyage ? Cette prise de conscience, qui est souvent évoquée par les voyageurs à vélo, est positive ! Je cherche à tester de nouvelles choses pour continuer d’avancer comme écouter des podcasts sur le vélo, m’enrichir pleinement des rencontres (ce que je fais depuis le début, mais avec davantage d’intérêt). Mon tour (et détours) de France doit peser son poids dans la balance, puisque je passe parfois à quelques dizaines de kilomètres d’un lieu visité il y a plus d’un mois ou deux. Ce voyage à vélo est un véritable challenge physique mais aussi mental où les besoins changent rapidement.

Après mon étape à Lyon, je rejoins Annecy et plus précisément, Hélène, une amie bretonne. Tous, ces points d’étapes me donnent de l’énergie, et c’est sûrement cela qui me pousse continuellement à avancer. C’est davantage le cas depuis cette fameuse « bascule ». Rassurez-vous, je suis bien, sur mon vélo, je suis si heureux et si fier de réaliser ce voyage et ce projet. Cette expérience me donne tellement que j’ai hâte de boucler ce voyage, de rassembler tous ces souvenirs, de réfléchir à l’après, peut-être d’être assez fou pour me dessiner une autre aventure, cette fois-ci à l’extérieur du pays. Le temps de se poser n’est pas encore venu, je découvre cette magnifique ville qu’est Annecy en compagnie d’Hélène et d’autres personnes. 6 500 kilomètres de réalisés, il n’en reste plus beaucoup. Je vais prendre le temps de profiter de ceux qui restent et des rencontres qui m’attendent encore. En route pour arpenter les derniers massifs du voyage, les Bornes et Aravis, le Chablais, le Doubs, le Jura et les Vosges. Mes petites jambes, il va encore falloir tenir !

Au départ d’Annecy, j’ai conscience qu’il y a encore du chemin à parcourir. Depuis quelques semaines, je suis transparent avec les personnes que je rencontre sur la route ou sur les réseaux sociaux, je suis de plus en plus dans une endurance. Ce n’est plus « l’appel de la forêt » qui m’anime, référence au best-seller de Jack London, mais bien l’appel du confort :’). Cette idée de me lever d’un (vrai) lit et de me préparer un café (non soluble), me satisfait de plus en plus. Cela ne m’étonne pas, il fait ressortir de nombreuses envies à assouvir à la suite du voyage.

Pourtant, je ne subis pas ce voyage, au contraire, je découvre un nouvel état d’esprit mélangé à beaucoup de fatigue et de douleurs, certes, mais qui me permet de devenir une meilleure version de moi-même. J’en suis persuadé. Depuis Annecy, je quitte mon amie Hélène et je prends la direction de la vallée où coule la rivière « Le Fier » jusqu’à Thônes. C’est ici que je rejoins Margaux, une autre amie des études, elle fait étape avec moi jusqu’au Col de la Colombière. J’avais peur de crever pendant cette journée puisque j’avais connu de nombreuses crevaisons les journées qui précédaient mon arrivée à Annecy. Ça n’a pas manqué, nous voici dans les rues du Grand Bornand à réparer une crevaison à l’aide d’une fontaine où l’eau sort de mamelles d’une sculpture en forme de vache. C’est une nouvelle galère que je vis, mais accompagné par Margaux avec son humour et sa bonne humeur, je ne peux m’empêcher de prendre cette épreuve avec beaucoup de légèreté. Il faut savoir rire de ces moments et en faire un prétexte d’un bon souvenir, qui plus est partagé.

Entouré par les massifs des Aravis et de Bornes, je plonge vers Cluses, ville lovée dans une ancienne vallée glacière si large qu’elle me fait penser à Grenoble. J’y rejoins Marion, une amie, pour la soirée. Davantage familier avec les Alpes du sud, cette autre région alpine que représente ces deux Savoie est une véritable découverte. Ce n’est pas tout à fait juste, j’ai déjà posé mes pieds dans cette région à l’époque où ces derniers étaient encore des petits petons. À Bernex, j’ai re-découvrir ce petit village station qui m’avait accueilli à l’occasion d’une classe de neige de CM2. Ce furent mes premières fois sur des skis, et ce, jusqu’à mes 20 ans. Je suis si heureux de passer par ici. D’une certaine façon, ce voyage est un pèlerinage. À ce sujet, je prends soin de visiter l’auberge « Les Alouettes » qui nous avait accueilli lors de cette classe de neige, tous mes camarades et moi. Chanceux, je croise une personne présente sur site qui travaille ici depuis une vingtaine d’année.

Je quitte la Haute-Savoie à hauteur de Thonon-les-Bains et je ne m’aperçois même pas que je passe en territoire suisse. Ce qui m’a fait « tilt », ce sont les panneaux, les marquages sur le goudron ou encore l’immatriculation des voitures. Le soir, je suis accueilli par Francine et Gabriel à Genève. Le lendemain, j’ai droit à une visite guidée de la ville à vélo, c’est royal ! Le couple me fait également découvrir le Bain des Pâquis, un superbe endroit où règne une ambiance posée et bienveillante. Le midi, je suis invité à y manger, avant de repartir. Je suis heureux puisque je m’apprête, à ce moment-là, à découvrir le massif du Jura. Pour ce faire, je commence mon ascension depuis le département de l’Ain. Une nouvelle fois, je roule sous un ciel bleu, je me sens très chanceux d’échapper encore à cette météo pluvieuse bien qu’estivale. 2024 est une année à la météo très mitigée. Les journées sont chaudes dans cette deuxième quinzaine d’août, pourtant, la fraîcheur que procurent les routes ombragées de cette végétation haute et dense, est presque saisissante. Dès que je me retrouve sous le soleil, j’ai trop chaud, et dès que j’ai le plaisir de serpenter à travers les virages sinueux des forêts de sapins et d’épicéas, il fait presque trop froid. Soit je suis devenu trop exigeant, soit ce sont les pouvoirs extraordinaires de la nature. J’ai bien mon idée sur la question.

Je découvre Lélex ou encore Prémanon sur les plateaux du Jura. Le paysage est ouvert, très identitaire et vert ! Bien que les hivers ne doivent pas être simples à vivre, j’ai une impression de petit coin de paradis en altitude. Dans cette nouvelle étape du voyage, mon objectif était notamment de rejoindre Dijon, capitale bourguignonne. C’est pourquoi, tout près de Morbier, chez Jean-Louis et Véronique qui m’ont accueilli après une rencontre dans la Drôme, je prends la direction de la Côte d’Or. Je passe par Lons-le-Saunier, préfecture du Jura et enfin Chalon-sur-Saône. Ce n’était pas gagné au départ en raison de l’emploi du temps de chacun mais je peux rejoindre une nouvelle fois un proche, en l’occurence une amie, Marielle, Aixoise expatriée à Dijon. J’ai la chance de pouvoir rester quelques jours pour me reposer dans sa colocation et de passer de bons moments avec ses voisins de chambrée. J’en profite pour déambuler dans les rues de la ville, seulement avec mon appareil photo et mon petit sac à dos de trail rouge. Depuis le début de mon voyage, j’ai toujours adoré visiter un endroit sans me soucier de mes affaires, de mon vélo et de mes sacoches. Je peux donc apprécier ma visite de Dijon, et prendre mon temps.

Après avoir repris des forces, éviter la canicule et organisé au mieux mes prochaines journées, je reprends la route ! Enfin, toujours dans cette logique que ce voyage n’en a pas au niveau du tracé, je repars sur les hauteurs jurassiennes en passant par le département du même nom ainsi que le Doubs. Je visite Dole, ville natale d’un certain Louis Pasteur. Je rigole tout seul dans les rues médiévales lorsque je vois deux panneaux signalétiques vélos. Ayant emprunté l’Eurovélo sur quelques dizaines de kilomètres, afin de rejoindre Dole, je me rends compte qu’elle débute à Nantes et prend fin à Budapest. Je rejoins, ensuite, la ville de Besançon en longeant la rivière du Doubs. Je découvre une vallée creusée où les pentes boisées et les falaises se sont installées. Le fond de l’air est frais, c’est un vrai bonheur de pédaler. À Besançon, je suis une nouvelle fois accueilli dans une colocation. Merci à Gaëtan et Juliette pour leur accueil et leur bienveillance. Après Louis Pasteur, c’est au tour de Victor Hugo de représenter sa ville. Originaire de Besançon ou « Besac » (surnom de la ville), sa maison natale a été transformée en musée. On peut également trouver une statue du personnage en face de l’hôtel de ville. Je prends le temps de me perdre dans les rues et les ruelles de la ville avant de prendre la direction des hauteurs jurassiennes, une nouvelle fois.

Le soir de mon arrivée à Besançon, Juliette m’avait partagé son émerveillement pour la vallée de « La Loue ». Ça tombe bien, c’était prévu dans mon programme. Je découvre Ornans, Lods ou encore Mouthier-Haute-Pierre. Je tombe également sous le charme de ces magnifiques villages fleuris et principalement construis avec des matériaux locaux. Je passe la nuit à côté de la rivière « La Loue », non loin de sa source. Ce n’est pas une surprise, l’eau est gelée, mais cela me permet de mettre certaines de mes courses au frais, pratique ! Je traverse le Parc Naturel Régional du Doubs Horloger. Région frontalière de la Suisse, tout comme le Jura ou l’Ain, l’artisanat de l’horlogerie y est très présente. À Morteau, je décide de changer d’itinéraire. De la pluie est prévue pour le soir, je préfère dormir sous un toit en dur que sous ma tente. Bien que cette dernière est imperméable, il est toujours plus confortable de déballer ou remballer ses affaires au sec. Je trouve une cabane de chasseurs qui reste ouverte à l’année, servant d’abris pour tous. J’y installe « mon QG » pour une nuit. Le territoire de Belfort marque une étape importante pour moi. C’est à la fois le dernier département de la Bourgogne-Franche-Comté que je traverse, et c’est également l’occasion d’y retrouve Simon, un des 4 aventuriers de la cabane des Cols d’Iraty.

Vous souvenez-vous ? Depuis Saint-Jean-Pied-de-Port, je m’étais attaqué à cette farandole d’ascensions que l’on appelle « Les Cols d’Iraty », tard dans la journée. J’étais à bout, physiquement et mentalement après une course effrénée des dernières semaines face au temps. Dans cette cabane, j’étais tombé sur ce groupe de 4 hommes motivé par cette idée de « se reconnecter à sa vraie nature ». J’y avais rencontré Maxime, Renaud, Romain et ce fameux Simon. Cette rencontre aura été déterminante pour le reste de mon voyage. C’est donc dans les environs de Belfort que je retrouve Simon et sa petite famille. J’ai pu me reposer plus d’une journée et en profiter pour découvrir la région, et notamment la ville de Belfort. La Veille Ville, la Citadelle ou encore de Lion de Bartholdi, encore une fois il y a de quoi voir. En plus de cela, j’ai la chance d’avoir un guide rien que pour moi, j’ai nommé Simon ! Je prends la direction des Vosges, son département, avant de grimper une nouvelle fois sur les hauteurs, à Gérardmer. Dernier territoire de montagne dans mon périple, je savoure mon passage dans ce massif que j’avais envie de découvrir depuis un moment au même titre que le Jura.

À la station du Lac Blanc, à 1200 mètres d’altitude, je retrouve une nuit fraîche, pour ne pas dire froide. Depuis quelques mois, j’ai souvent dormi hors de mon sac de couchage ou partiellement, cette-fois je retrouve mes habitudes des mois d’avril et de mai. S’emmitoufler intégralement dans les plumes et boire une tisane pour me réchauffer redevient mon guide de survie pour les prochains mois, il va falloir s’y habituer de nouveau. Les jours sont de plus en plus courts, alors je finis parfois mes journées au soleil (presque) couchant. Dans le cas des Vosges, ce n’est pas un souci, au contraire, les lumières sont superbes, le ciel est en feu et dessine, au loin, les contreforts alsaciens, c’est magnifique. Je passe le Col de la Schlucht qui marque mon passage des Vosges au Bas-Rhin. C’est un moment émouvant pour moi, car je suis presque sûr qu’il s’agit du dernier col que je franchirais dans ce voyage.

Riquewhir, Keysersberg ou encore Ribeauvillé seront les prochaines étapes avant mon arrivée dans la capitale alsacienne, Strasbourg. L’Alsace est un autre monde, le passage dans tous ces beaux villages fleurte avec le rêve éveillé. Tout est beau, coloré, féérique. De vraies maisons de poupées grandeur nature où Hansel et Gretel se feraient une joie de les prendre pour du gâteau et du pain d’épices. J’ai la chance d’avoir, dans ces régions de l’Alsace et de la Lorraine, une amie qui se charge de me trouver des personnes bienveillantes et accueillantes. C’est pourquoi, après mon passage chez Delphine et Frédéric à Remiremont, dans les Vosges, me voici accueilli chez François-Xavier et Agnès à Strasbourg. Merci ma Lucile ! Avec 90 000 mètres de dénivelés positifs effectués depuis 4 mois et demi, j’ai réussi avec succès le challenge que je m’étais fixé. Les montées et les descentes ne sont pas terminées, j’en ai bien conscience, mais la traversée de tous ces massifs est à présent derrière moi, mes jambes, mon cœur et mes poumons en sont soulagés.

Je quitte Strasbourg par la voie verte longeant le Canal de la Marne au Rhin. Quel plaisir de rouler sur du plat et loin du trafic routier. Je rentre dans les limites administratives de la Moselle, puis rapidement dans ceux de la Meurthe-et-Moselle. La vallée des éclusiers est une véritable découverte, une ballade bucolique au rythme des anciennes maisons écluses, pour certaines, réhabilitées en habitation. Après un passage à Lunéville, je rejoins Odile et Alex, une autre connaissance de mon amie Lucile. Je reste 1 journée chez eux dans un petit village lorrain pour me reposer. Depuis quelques semaines, une fatigue s’est installée, elle est à la fois physique mais aussi mentale.

J’essaie de mettre des mots sur ces sensations de fatigue. Je crois bien que j’ai perdu une certaine motivation dans ce voyage, j’ai comme une envie de « rentrer à la maison » rapidement. J’ai tellement vu, vécu, ressenti, rencontré dans ce périple, si dense, depuis bientôt 5 mois que j’ai de nombreuses autres envies qui me sont venus. Ce passage de « l’émerveillement procuré par le voyage » à « ce besoin de se poser spatialement », je le nomme « Le syndrome Forrest Gump » ! Vous savez, ce film américain réalisé par Robert Zemeckis où joue, notamment, Tom Hanks dans le rôle du personnage qui donnera le nom au film. Dans ce dernier, le personnage de Forrest Gump part courir à travers tout le pays, pendant 3 ans, 2 mois, 14 jours et 16 heures, qu’il vente, qu’il pleuve, qu’il neige. Au bout d’un moment, il s’arrête et dit  » Je suis vraiment fatigué, je vais rentrer chez moi maintenant ». Évidemment, la comparaison est un peu osée, j’en conviens, mais je n’ai pas pu m’empêcher de penser à cette scène culte. Alors pour trouver une nouvelle motivation, je décide de revoir mon parcours jusqu’à Arras, étape septentrionnale de mon tour et détours de France. Je couperai au plus court, sans passer par Nancy, Reims, Soissons ou encore Compiègne.

Cette idée me remotive instantanément ! Le précédant soir, je suis déprimé à l’idée de rouler encore quelques milliers de kilomètres. Le matin suivant ma réflexion, j’ai une pêche d’enfer. C’est Incroyable ! Bien que mon objectif premier est « de boucler la boucle », je ne veux pas oublier cette l’idée d’embrasser pleinement tous les moments que je vis et ceux que je vais vivre. L’émerveillement revient tout comme le plaisir d’être à vélo ! Au rythme de tous ces départements de la Lorraine et de la Champagne-Ardennes, je file en direction du nord de la France ! Animé par cette envie de retrouver mes proches, de découvrir les territoires restants et d’accomplir ce défi, un peu fou, de réaliser un Tour de France, mon Tour de France, je mets le cap sur Arras, préfecture du Pas-de-Calais. Ce grand linéaire entre Strasbourg et Arras est l’occasion de replonger dans cette histoire de France, celle qui a meurtri, la Première Guerre Mondiale de 1914-1918 et la Seconde de 1939-1945. Je prends à cœur mon devoir de mémoire, qui se fait à bicyclette, c’est quand même plus chouette ! À bientôt pour la suite du voyage.

Avant de rejoindre Arras, je passe quelques jours dans la Somme. Thibaut, un ami, me rejoins à hauteur de Péronne après que Jocelyne et Jean-Paul m’ai laissé continuer seul une partie du canal du Nord. La dernière fois que j’ai retrouvé une personne qui ne m’était pas inconnue, ce fût avec Simon à Belfort, il y a 2 semaines, déjà. Avec Thibaut, je troque mon fidèle destrier de 30 kilogrammes pour un vélo bien plus léger, à l’occasion de quelques dizaines de kilomètres. Je peux vous dire que ça fait bizarre ! Pour Thibaut aussi, je crois (voir la photo). Nous prenons la route d’Albert en longeant la rivière de la Somme et ses méandres. Il en profite pour me montrer les lieux emblématiques de ce territoire que l’on appelle « Le Pays du Coquelicot ». C’est dans ce devoir de mémoire que cette terre meurtrie a adopté cette emblème du Coquelicot représentant « le souvenir » en Outre-Manche.

Passage par le belvédère de Frise qui est un lieu majeur des affrontements dans la Somme. Découverte du cratère de la Boisselle « Lochnagar », lieu de l’explosion de trente tonnes d’explosifs, le 1er Juillet 1916 créant un projection de terre qui attendra 1300 mètres de hauteur. Ce cratère sera mesuré à 100 mètres de diamètre pour 30 mètres de profondeur. Cet épisode de la bataille de la Somme fût 600 morts en l’espace dune explosion. Un chiffre qui fait froid dans le dos mais qui n’est, pourtant, qu’une partie infime des conséquences causées par ce conflit mondial. Ma découverte du territoire s’est déroulé au rythme des cimetières français, britanniques ou canadiens sans oublier la ville d’Albert.

Après m’être reposé quelques jours chez Thibaut et sa compagne, Ondine, je reprends la route vers le Pas-de-Calais. Après quelques milliers de kilomètres et 2 mois à pédaler depuis Bonifacio, étape méridionale de mon voyage, j’atteins son point le plus au nord, la ville d’Arras. Je suis, encore une fois, accueilli comme un prince. J’ai même la chance de pouvoir goûter au miel du jardin, chez Anne et son mari, plus local on ne peut pas faire. J’y trouve du réconfort avec une douche chaude, un lit douillet et une superbe soirée à discuter et partager nos aventures et mésaventures. Ce soir-là, après cette première journée à vélo depuis ma pause à Albert, à prendre la pluie et le tonnerre sans répits, ce réconfort est d’autant plus le bienvenu. Le lendemain, le moral est bien là, c’est reparti en direction de la côte ! Pas n’importe quelle côte, celle que l’on nomme « La côte d’Albâtre ».

J’espérais un repos métrologique pour ce 06 septembre, mais ce n’était que le début de cette série infernale … A Hauteur de Frévent, je prends une nouvelle « drash » monumentale sur le pif. J’ai toujours le sourire, mais avec cette humidité et une vague de froid qui commence à balayer la région, je préfère m’arrêter manger quelque chose de chaud et faire sécher mes affaires. Une pizzeria ? C’est parfait ! C’est toujours assez marrant de se pointer dans un commerce avec son imperméable, son pantalon de pluie, son gilet jaune et ses cheveux trempées. Entre surprise, gêne, incompréhension et/ou admiration, l’interaction sociale devient une véritable étude sociologique. Le soir je rejoins la côte à Berck-sur-Mer à l’orée de la Côte d’Opale et de la Côte d’Albâtre.

A Berck, j’y rencontre Marion qui m’accueille dans son petit appartement du centre-ville, non loin du remblais. En cette fin de journée, le soleil est revenu et ça fait du bien. Il m’aura fallut quelques minutes pour m’y sentir bien. Dès que je retrouve la mer, je me sens apaisé. Le bruit des vagues me berce. Ce soir-là, Marion décide de m’emmener faire un tour le long de la plage au couché du soleil. Malheureusement, un ciel saturé vient cacher le soleil et ses rayons. Rapidement, l’obscurité s’installe, ce qui nous empêchent de distinguer correctement les phoques. Et oui, en France nous pouvons observer des phoques, c’est fabuleux. Au matin, je repars avec un objectif : Le Port du Havre. Je m’engage pour environs 4 jours à vélo le long de la Côte d’Albâtre avant de prendre la direction de Paris.

Cette côte normande était une vraie attente dans mon voyage, au même titre que la découverte de la Corse. Depuis la fin du dénivelés des Vosges, je m’étais reposer sur mes lauriers … je n’aurais pas du. Depuis Berck-sur-Mer, je longe la Baie de Somme sous le soleil malgré des températures qui se sont rafraîchies. Je quitte la Région Hauts-de-France et me voici à présent en Normandie, plus précisément en Seine-Maritime. Je découvre ces falaises abruptes de la Côte d’Albâtre, ces villes lovées dans ces vallées estuaires comme le Tréport, Dieppe ou encore Fécamp. J’aime énormément cette ambiance portuaire, où les phares sont présents en première ligne du littorale, ces constructions multiples et divers et enfin ces bruits et ces odeurs qu’on ne retrouve nul part ailleurs.

Le matin où je quitte le Tréport, je crève une nouvelle fois. Je mets encore une bonne demi-heure à réparer et repartir. Ce n’est que le début de cette belle journée (ironie). A hauteur de Dieppe, la météo se gatte, je m’abrite sous un abri bus du centre ville, une trombe d’eau se déverse. Le ciel reste couvert, je sais que je n’ai pas le choix, l’après-midi se ferra sous la pluie. Quitter ces vallées se traduit constamment par une montée abrupte pour regagner les falaises et leurs hauteurs. En haut, ce sont de rafales de vents qui m’attendent, je grince les dents mais j’avance. Ce 08 septembre est sûrement une des journées du voyage les plus difficiles que j’ai connues. Le soir, je rejoins Ermenouville où Élisabeth et Benoît m’attendent. J’ai connu la pluie, la froid, le vent, des galères mécaniques, les montées difficiles, et tout ceci se voit sur mon visage. Pour finir la journée avec panache, mes freins ne fonctionnaient plus dans les derniers kilomètres. J’ai nommé « Le naufrage en Normandie ».

Ce « naufrage en Normandie » continuera jusqu’à mon arrivée au Havre avec les mêmes conditions. Cerise sur le gâteau, je crève (encore, encore, et encore …) à mon arrivée en ville. Je suis dépité, fatigué, trempé (je commence à m’y faire), énervé et surtout décontenancé. A ce moment-là, je n’ai plus envie de me battre, à m’acharner sur ces soucis mécanique. Je demande seulement d’avancer.


Retrouvez ici l’avancée du voyage, étape par étape à l’aide de la carte komoot. La mise à jour se fera à chaque journée de voyage.



ON FAIT UN BOUT DE CHEMIN ENSEMBLE ?

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